Selon le chercheur économiste François Ruf du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), les politiques d’expansion de la production de cacao en Côte d’Ivoire ont conduit à des prix peu rémunérateurs pour les producteurs locaux. Il estime que la récolte de cacao du pays a quintuplé entre 1980 et 2017 grâce à la déforestation massive, principalement due à l’arrivée de migrants du Burkina Faso et d’autres régions de la Côte d’Ivoire. Cette expansion a permis aux planteurs de bénéficier temporairement de la fertilité naturelle des terres forestières vierges.
Cependant, cette croissance rapide de la production de cacao s’est faite au détriment du patrimoine forestier et de la biodiversité du pays. Environ la moitié du cacao ivoirien provient de forêts défrichées au cours des 20 dernières années, qu’elles soient classées ou non.
Les multinationales sont également accusées d’avoir leur part de responsabilité en acceptant indirectement le cacao provenant des forêts classées. Cette situation a contribué à maintenir des prix peu rémunérateurs pour les planteurs, malgré les politiques visant à garantir un revenu décent.
Malgré une production de cacao qui fluctue autour de 2 à 2,2 millions de tonnes ces dernières années, le chercheur estime qu’une chute de la récolte est inévitable à un moment donné, étant donné l’épuisement de la rente forestière et la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur. Toutefois, il reste prudent quant à la prédiction de l’intervalle de temps dans lequel cela se produira.