Les données concernant les crédits au secteur immobilier dans la zone UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) sont sujettes à des interprétations contradictoires. Bien que la demande de crédits immobiliers reste élevée et que les taux d’intérêt aient baissé, il y a eu une baisse du volume des crédits accordés au secteur en 2022.
D’après les récentes données de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), les banques commerciales ont octroyé un total de 1 264,5 milliards FCFA (2,1 milliards $) de nouveaux crédits au secteur immobilier sur une période de 12 mois se terminant le 31 décembre 2022. Bien que ce montant soit supérieur à celui d’avant la pandémie de Covid-19, il représente une baisse de 28,9 % par rapport à l’année 2021, marquant ainsi le premier recul depuis 2017.
En chiffres absolus, le secteur immobilier a reçu 537 milliards FCFA de crédits en moins par rapport à l’année précédente. La BCEAO n’a pas fourni d’explications détaillées concernant cette tendance. Cette contraction du crédit au secteur immobilier est étonnante étant donné que la demande de logements dépasse toujours l’offre dans la région, notamment sur les marchés clés comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal, et que les taux d’intérêt appliqués par les banques ont légèrement diminué dans ce secteur.
La diminution des crédits immobiliers a été particulièrement marquée avec une baisse de 93,4 milliards FCFA en Côte d’Ivoire et de plus de 150 milliards FCFA au Sénégal. Plusieurs hypothèses peuvent être avancées pour expliquer cette situation. D’une part, le secteur du tourisme, qui avait suscité d’importants investissements dans le logement, n’a peut-être pas connu les retombées espérées après la pandémie de Covid-19.
Malgré une augmentation continue des prix de l’immobilier, attirant l’intérêt des banques, deux facteurs ont concouru simultanément à cette baisse. D’une part, l’inflation a pesé sur le pouvoir d’achat des ménages et des entreprises, entraînant une réduction des dépenses non essentielles. D’autre part, une bulle immobilière semble se profiler dans les deux pays.
Bien que la demande de logements continue de croître dans ces deux pays, elle reste limitée car les prix s’éloignent de plus en plus du pouvoir d’achat moyen de la population. Enfin, la récente crise de liquidité dans le secteur monétaire, résultant de la hausse des taux directeurs par la banque centrale, a restreint la liquidité bancaire à long terme et donc la capacité d’effectuer des investissements à long terme.