Le marché mondial du cacao traverse actuellement une période de tension. Les conditions météorologiques défavorables dans les pays producteurs entraînent des risques pour l’offre et suscitent des inquiétudes au sein de l’industrie.
Selon les données rapportées par Bloomberg, les broyages mondiaux de cacao ont connu une baisse dans les principales zones de transformation au cours du dernier trimestre. En Amérique du Nord, le volume traité a chuté de près de 12 % en glissement annuel pour atteindre 102 493 tonnes, soit le niveau le plus bas enregistré sur cette période depuis près de 15 ans.
En Asie, 213 977 tonnes de cacao ont été broyées au deuxième trimestre 2023, en baisse de 6,5 % par rapport à l’année précédente, tandis qu’en Europe, le volume transformé a reculé à 343 283 tonnes (-5,7 % en glissement annuel).
Cette baisse généralisée s’explique en grande partie par l’appréciation des prix de plusieurs matières premières utilisées dans la fabrication du chocolat, en tête desquelles le cacao. Les contrats à terme de cacao à Londres ont déjà augmenté de 22 % cette année, principalement en raison des prévisions de baisse de l’approvisionnement sur les marchés en raison des conditions sèches en Côte d’Ivoire, premier fournisseur mondial de cacao.
Parmi les autres ingrédients essentiels, on trouve le sucre brut, qui a atteint un pic de 11 ans à plus de 27 cents pour la livre (environ 0,45 kg) à la fin du mois d’avril. Face à l’augmentation des coûts de production, les marges des industriels se réduisent, les poussant à réviser leurs opérations à la baisse.
« Les fabricants cherchent toujours des moyens de préserver leurs marges. Cela passe par la réduction de la taille des barres de chocolat ou une baisse du volume de chocolat fondu sur les biscuits », explique Judy Ganes, analyste des matières premières.
Ce ralentissement du segment de la transformation vient s’ajouter aux préoccupations sur le marché mondial du cacao, où le déficit prévu pour 2022/2023 pourrait être plus important que les 142 000 tonnes initialement estimées par l’Icco.
Par ailleurs, alors que les stocks mondiaux sont au plus bas depuis trois décennies, certains analystes prévoient déjà un troisième déficit consécutif en 2024/2025. La situation reste donc tendue pour l’industrie mondiale du cacao, qui doit faire face à des défis majeurs pour garantir un approvisionnement stable et durable.
