La décarbonation du secteur de la construction est devenue un enjeu crucial dans la lutte contre le réchauffement climatique, et cela s’applique également en Afrique où la croissance démographique entraîne une demande croissante de logements et d’infrastructures. Face à cette situation urgente, certaines entreprises du secteur de la construction opérant sur le continent prennent des mesures pour changer leurs pratiques et réduire leur impact environnemental.
Lors de l’Africa CEO Forum à Abidjan, la Société Financière Internationale, filiale de la Banque Mondiale dédiée aux investissements des entreprises, a annoncé un financement de 500 millions de dollars en faveur du groupe nigérian BUA. Ce géant du ciment s’engage à utiliser des carburants plus propres, notamment du gaz naturel liquéfié, une source d’énergie plus verte, afin de réduire les émissions de CO2. Abdul Samad Rabiu (photo), PDG de BUA Group, se réjouit de ce financement et souligne que la production de cette énergie au Nigeria coûte beaucoup moins cher que l’utilisation d’énergies fossiles.
Pour Guillaume Habert, ingénieur matériaux et professeur en construction durable à l’École polytechnique fédérale de Zurich, la réduction des émissions de CO2 dans la production de ciment passe par l’augmentation de l’efficacité des cimenteries et l’utilisation de techniques de captage et de stockage de CO2, encore à l’état de prototype. Il s’interroge sur la possibilité d’utiliser d’autres matériaux, tels que la terre, naturellement sans carbone, pour remplacer une partie du ciment dans la construction.
Laurent Germain, directeur général d’Egis, un groupe international de conseil en ingénierie de la construction, souligne l’importance de l’utilisation du bois dans la construction pour réduire les émissions de carbone et améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments. Le groupe travaille sur divers projets allant des hôpitaux aux stades en passant par les habitations, en mettant en avant la nécessité de réglementations, comme la réglementation « Edge », pour garantir l’impact positif sur la durabilité.
En outre, unifier les réglementations entre les différents pays africains représente un enjeu central, malgré les conditions climatiques souvent diverses sur le continent. Cette harmonisation permettrait de promouvoir des pratiques durables et respectueuses de l’environnement dans l’ensemble de la région, contribuant ainsi à la lutte contre le changement climatique.