Après une période de dix jours marquée par des manifestations violentes, Ziguinchor retrouve progressivement une forme de quiétude. Les barricades qui bloquaient les routes ont été levées, le mouvement de protestation appelé « gatsa gatsa » a été interrompu, et les activités économiques reprennent leur cours. Cependant, les conséquences de ces manifestations laissent des traces profondes. Le secteur économique local, durement frappé par la paralysie de la ville, a subi les dommages les plus importants. Durant cette période, des centaines de millions de francs CFA ont été perdus, selon les estimations du Président Régional de l’Unacois Jappo Mame Birame Ndiaye. « Tout était bloqué pendant plus d’une semaine. Les produits ne pouvaient ni être transportés vers Dakar ni être vendus. Il était difficile, voire impossible, de recevoir des marchandises à Ziguinchor en raison de la situation. Les pertes étaient énormes », déplore-t-il.
La paralysie de la circulation pendant près de dix jours a également eu un impact significatif sur les chauffeurs de taxi, qui reprennent timidement la route depuis deux jours. Pour Moussa Niang Diop, chauffeur de taxi, « Nous avons vécu un véritable calvaire. Mon taxi était immobilisé pendant tout ce temps. Et sachant que nous gagnons au jour le jour, vous pouvez imaginer la situation dans laquelle je me trouvais. J’avais du mal à couvrir mes dépenses quotidiennes. J’ai dû contracter un prêt pour subvenir à mes besoins. C’était vraiment difficile ! », témoigne-t-il.
Les commerçants, qui ont vu leur activité considérablement ralentie, témoignent également des effets néfastes de ces manifestations. Alioune Diatta, gérant de Multiservice, explique : « Mon activité a été complètement paralysée pendant une semaine. Je ne pouvais pas ouvrir mon commerce en raison des manifestations. Vous voyez que même maintenant, j’ai seulement ouvert une porte, car il faut être prudent. C’est par là que passent les manifestants chaque jour. Nous devons trouver une solution à cette situation », souligne-t-il.
Les manifestations ont également eu un impact sur les soins médicaux. Aliou Coly, souffrant d’insuffisance rénale, a été empêché de se rendre à l’hôpital pour sa dialyse en raison des manifestants qui ont bloqué sa route. « J’ai rencontré les manifestants en chemin vers l’hôpital. Ils ont d’abord jeté des pierres sur mon véhicule avant de m’obliger à faire demi-tour. Malgré mes explications, les jeunes ont catégoriquement refusé de me laisser passer. Pas question de franchir les barricades. Je n’ai pas pu faire ma séance de dialyse ni le lundi ni le mardi. C’était vraiment compliqué pour moi », témoigne ce patient.
Il est important de noter que trois décès ont été enregistrés lors de ces manifestations à Ziguinchor, tous des jeunes âgés d’environ trente ans. Les conséquences de cette situation politique et judiciaire ont également été dramatiques pour la ville. Gaustin Diatta, correspondant du quotidien national Le Soleil, témoigne : « Ziguinchor a vécu une semaine infernale. Tout était paralysé dans la ville. Seul le quartier Escale était épargné, mais les clients se faisaient rares. Trois morts ont été enregistrés, et l’atmosphère était vraiment lourde. Toutes les routes étaient bloquées. Bien que la situation se soit quelque peu apaisée ces derniers jours, jusqu’où irons-nous ? Les conséquences sont vraiment alarmantes », insiste-t-il.
Cette période difficile de dix jours à Ziguinchor a laissé des séquelles et la ville est désormais en phase d’évaluation des impacts causés par ces manifestations qui ont pris fin vendredi 4 août. Cependant, les forces de l’ordre restent présentes dans les points stratégiques de la ville pour maintenir la sécurité. Il est à noter que la fin des manifestations est survenue peu après la visite de l’avocat Maître Cire Cledor Ly à Ziguinchor, où il s’est rendu dans les quartiers de Lyndiane et Colobane, ainsi qu’auprès de la famille d’Ousmane Sonko au quartier Hlm Nema. Les partisans du maire de Ziguinchor ont organisé une procession avec des bougies devant sa résidence pour demander sa libération. (extrait de l’enquête de nos confrères de SudQuotidien)
