Fermeture de la frontière avec le Niger : ce que perd le Bénin

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Les opérations au sein du Port autonome de Cotonou (PAC) ont été fortement ralenties suite à la décision du Bénin de fermer sa frontière avec le Niger, en accord avec les mesures prises par la CEDEAO pour pousser les putschistes à se retirer. Bien que cette décision ait un impact sur les activités économiques des deux pays, elle semble toucher plus durement le Niger, d’après les analyses d’un économiste.

Le Bénin est un point de transit pour les marchandises à destination du Niger, en vertu de nombreux accords qui permettent à la République du Niger d’utiliser le port de Cotonou. La situation s’est encore compliquée en raison de la crise découlant du coup d’État du 26 juillet 2023. La CEDEAO, dans sa démarche de rétablissement de l’ordre constitutionnel au Niger, cherche à contraindre les putschistes à céder le pouvoir et à réinstaller le président Mohamed Bazoum. L’une des mesures prises par l’organisation sous-régionale est la fermeture des frontières avec Niamey, à laquelle le Bénin s’est conformé.

Depuis l’application des sanctions de la CEDEAO, les voyageurs en provenance du Niger ne peuvent plus atteindre Cotonou. De même, les marchandises en provenance de Cotonou à destination de Niamey sont bloquées. Des transporteurs béninois, après avoir effectué des voyages vers le Niger, se sont retrouvés coincés à Niamey avec des camions vides. Ils ont lancé un appel aux autorités béninoises via une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.

Cette situation de fermeture des frontières a engendré des pertes non seulement pour les acteurs économiques, mais aussi pour les États concernés. Selon l’analyse d’Albert Honlonkou, économiste, c’est le Niger qui subirait le plus grand préjudice. En se concentrant sur le trafic d’importation uniquement, « le transit vers le Niger représente environ un tiers de ce trafic ». « Cela équivaut à 30 à 35 %, et cette activité s’arrêtera brusquement avec la fermeture des frontières », a souligné l’économiste. Il a ajouté que si cette situation perdure, environ 30 à 35 % du trafic d’importation au port de Cotonou, voire 70 à 80 % de l’ensemble de l’activité de transit, pourrait cesser. « Le Bénin, en vertu de plusieurs accords, permet au Niger d’utiliser le port de Cotonou en étant exempté de plusieurs droits de douane, donc dans cette situation, c’est le Niger qui perdra bien plus », a-t-il expliqué dans une entrevue avec DW.

Moumouni Boubacar, membre du syndicat des transporteurs du Niger, a également exprimé son inquiétude : « Le Niger n’a pas de port en dehors de celui de Cotonou qu’il exploite le plus. En plus du port de Cotonou, il y a également le port de Lomé qui transite par le Bénin. En raison de l’insécurité, les camions en provenance du Burkina, du Ghana et du Togo passent par la frontière de Malanville. Imaginez que tous ces camions soient bloqués », s’est-il interrogé.

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