Sénégal : les assureurs mutualisent leurs capacités pour couvrir le secteur pétrolier

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Afin de capitaliser sur les retombées financières générées par l’exploitation du pétrole et du gaz, les assureurs sénégalais ont pris l’initiative de créer un consortium pour la souscription et la gestion des risques. Cette démarche a récemment porté ses fruits avec la conclusion d’un accord avec Woodside pour la couverture d’assurance de ses installations au Sénégal. Cette réussite leur permet d’envisager un avenir prometteur et de viser des horizons plus vastes.

Il fut un temps où le marché des assurances au Sénégal souffrait de son organisation et de la faible solidarité entre ses acteurs, notamment face aux risques majeurs. Les investisseurs étrangers avaient souvent le pouvoir de faire venir leurs propres assureurs pour couvrir leurs activités, enfreignant ainsi les lois locales. Mouhamadou Moustapha Noba, ancien président de la Fédération Sénégalaise des Sociétés d’Assurances (FSSA), a souligné ce problème.

Pour remédier à cette situation et maximiser les avantages économiques de l’exploitation des ressources naturelles, un consortium de coassurance pour les risques liés au pétrole et au gaz a été créé le 30 août 2018. Ce consortium permet de répartir les risques entre les compagnies d’assurance en fonction de leurs capacités respectives.

L’État sénégalais a encouragé cette initiative en vertu de la loi sur le contenu local, qui prévoit des opportunités pour les acteurs locaux et leur permet de bénéficier d’une part des primes d’assurance. Ce consortium, fruit de la coopération nationale, offre désormais une offre globale sur le marché, axée sur la synergie et l’efficacité entre les intervenants. La coordination du consortium est assurée par la Société d’Assurance Sénégalaise de Réassurance (SENRE). Chaque compagnie d’assurance est tenue de céder 6,5 % de son chiffre d’affaires à SENRE et 10 % facultativement à des réassureurs étrangers.

La réassurance est une stratégie de partage vertical des risques, où une compagnie d’assurance transfère une partie de ses engagements et de ses risques à une société de réassurance. Cette pratique permet aux assureurs de se protéger contre les conséquences financières de sinistres fréquents ou de grande envergure, réduisant ainsi leur volatilité financière et leurs besoins en capital.

Selon Mamadou Faye, président de l’Institut National des Actuaires du Sénégal, la création de ce consortium s’inspire des expériences d’autres pays africains producteurs de pétrole, où les compagnies d’assurance locales n’ont pas su tirer profit de cette manne financière. Au Congo-Brazzaville, au Gabon et au Cameroun, une seule compagnie était chargée de couvrir les risques pétroliers, ce qui a entraîné des difficultés financières mettant en péril leur solvabilité, car elles ne pouvaient pas supporter les coûts en cas de sinistre.

Ainsi, les primes d’assurance étaient systématiquement rétrocédées à 100 % à une compagnie de réassurance étrangère, ce qui signifiait que l’argent quittait le pays. En 1988, afin de résoudre ce problème, les autorités ont créé SEN-RE en partenariat avec les compagnies d’assurance agréées, dans le but de retenir les primes d’assurance au niveau local, réduisant ainsi les sorties de devises et les déséquilibres commerciaux.

Au Sénégal, le consortium a obtenu des résultats positifs. Grâce à la Société Nationale d’Assurances Mutuelles (Sonam), les acteurs de l’assurance et de la réassurance ont réussi à décrocher Woodside pour la couverture de ses installations au Sénégal. Cette réussite marque un changement par rapport à l’époque où les assureurs sénégalais étaient souvent évincés au profit des multinationales de l’assurance. Grâce à ce consortium, les compagnies d’assurance sénégalaises peuvent désormais envisager l’avenir avec optimisme et s’ouvrir à de nouveaux marchés. La seule exception est une société d’assurance qui a choisi de ne pas rejoindre le consortium.

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