Le coup d’État survenu au Niger en juillet dernier a conduit à des sanctions de la part de la Cédéao, et celles-ci ont actuellement des répercussions déstabilisantes sur l’économie du pays. À Niamey, la capitale, la situation devient de plus en plus difficile pour les retraits d’argent.
Devant l’une des principales banques du pays, la file d’attente s’étend jusque sur la route, et les distributeurs automatiques se vident tandis que les guichets sont dépassés. Plus de quatre mois après le coup d’État militaire, les banques se retrouvent au bord de l’asphyxie. Dans ce pays, l’un des plus pauvres au monde, les inquiétudes grandissent. Dans un rapport publié le 14 décembre, la Banque mondiale et les Nations unies alertent sur les risques d’une crise économique si les sanctions de la Cédéao ne sont pas levées d’ici fin janvier.
Ousseni Adamou, un fonctionnaire de Niamey, tente depuis 7 heures du matin de retirer de l’argent, mais la pénurie de billets rend la tâche ardue. Les retraits sont désormais limités à 50 000 francs CFA par jour et par personne en raison du manque de liquidités, soit environ 70 euros.
« J’ai inscrit mon nom, j’avais le numéro 75. Je suis parti au bureau et ils ont dépassé mon numéro, donc je me suis ré-inscrit. Là, on vient de m’informer que la machine n’a plus d’argent et on attend qu’elle soit approvisionnée », explique-t-il, soulignant que c’est la troisième fois qu’il essaie de retirer son salaire du mois de novembre.
La situation a des conséquences sévères sur la vie quotidienne des habitants, dont plus de 40 % vivent sous le seuil de pauvreté. Les sanctions de la Cédéao sont également critiquées par l’économiste Ali Rabiou de l’université de Niamey, qui souligne que les plus vulnérables subissent les conséquences de manière disproportionnée. Il estime que ces mesures ont des « effets contreproductifs », mettant en avant les difficultés d’accès aux liquidités et même aux denrées de base comme la farine pour faire du pain.
Pendant ce temps, la junte au pouvoir continue son bras de fer avec la Cédéao, qui réclame la libération de l’ancien président détenu depuis juillet et une transition de courte durée (source FranceInfo)