Pendant quarante jours, la Guinée a connu des restrictions d’accès à internet. Depuis le 24 novembre, la connexion au web et aux réseaux sociaux est limitée à l’intérieur du pays. Les services d’appels comme WhatsApp sont également touchés, obligeant les internautes à recourir à des outils VPN pour contourner ces restrictions.
Cette limitation d’accès à internet a suscité des réactions vives, notamment de l’Association des blogueurs de Guinée (Ablogui), dénonçant une « cyber-censure » de la part de l’État. Amnesty International a accusé les autorités de transition de multiplier les violations du droit à la liberté d’expression. Les conséquences ne se limitent pas à la sphère politique : l’économie en ressent les effets. Selon l’économiste et chercheur Safayiou Diallo, ces restrictions vont impacter les recettes fiscales de l’État.
« En 2022, par exemple, Orange, via ses entreprises, notamment Orange Guinée, a contribué à plus de 1000 milliards et quelques millions [de francs guinéens], et Orange Finances Mobiles Guinée avait contribué à plus de 198 milliards [de francs guinéens]. Elles étaient bien devant les sociétés minières. Si nous prenons le cas de MTN, sur chaque forfait internet acheté, 23% du montant déboursé revient à l’État sous forme de taxes », explique-t-il lors d’une intervention.
« Cela touche également les entreprises qui pratiquent le télétravail. L’expérience montre qu’une personne travaillant depuis chez elle est plus productive que si elle devait se rendre au travail, compte tenu des embouteillages et du temps perdu dans les trajets. Si ces coupures d’internet persistent, on risque de voir une baisse des recettes fiscales de l’État, mais cela aura aussi un impact très néfaste sur la croissance économique de 2024 », conclut-il.