Analyse du retrait du Mali, du Niger & du Burkina de la CEDEAO

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Suite à l’annonce coordonnée du retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso, l’avenir de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est remis en question.

Les gouvernements militaires au pouvoir dans ces trois pays reprochent à la CEDEAO de leur avoir imposé des sanctions jugées « illégales et illégitimes ». Malgré la tradition de la CEDEAO de s’opposer aux coups d’État, elle a imposé des sanctions économiques en accord avec ses statuts, que les trois pays avaient acceptés en adhérant à l’organisation.

Parmi les critiques formulées par ces États, la question sécuritaire est soulevée. Les gouvernements militaires accusent la CEDEAO de ne pas les avoir soutenus efficacement dans la lutte contre les groupes djihadistes. Certains estiment que la CEDEAO n’a pas suffisamment assisté, notamment le Mali pendant les menaces djihadistes de 2012 et 2013.

Patrick Mboyo, chercheur en droit public et en sciences politiques, souligne une possible disparité dans l’action de la CEDEAO, déclarant qu’elle n’a pas toujours agi de manière équivalente dans des situations de crise.

Les gouvernements militaires critiquent également la CEDEAO pour avoir, selon eux, oublié les idéaux des pères fondateurs et du panafricanisme. Cependant, certains analystes estiment que la multiplication des coups d’État militaires et le morcellement de l’Afrique de l’Ouest vont à l’encontre des idéaux d’unité africaine.

La question de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) est également soulevée, les gouvernements militaires accusant la CEDEAO d’être inféodée aux puissances étrangères. Toutefois, ils ne mentionnent pas leur sortie de l’UEMOA, ce qui pourrait s’expliquer par des considérations pragmatiques liées à la monnaie commune, le franc CFA.

Cette annonce de retrait de la CEDEAO pourrait permettre aux gouvernements militaires de s’affranchir des règles démocratiques de l’institution. Des élections étaient prévues en 2024 au Mali et au Burkina Faso, avec pour objectif le retour à un gouvernement civil, condition nécessaire pour lever les sanctions de la CEDEAO. Cependant, les gouvernements militaires semblent opter pour le maintien au pouvoir en invoquant la lutte anti-djihadiste, dont les résultats sont incertains.

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