La liaison maritime entre Dakar et la Casamance, suspendue depuis plus de neuf mois après les violentes émeutes de début juin, devrait reprendre d’ici la fête de l’Aïd, selon des responsables. Cette suspension avait accentué le sentiment d’isolement de la région, déjà très enclavée, et avait suscité de vives critiques de la part des acteurs économiques locaux.
Le directeur du port de Dakar a promis que tous ceux qui souhaitent se rendre en Casamance pour la fête de la Korité pourront emprunter le navire Aline Sitoe Diatta ainsi que toute la flotte disponible. La reprise des rotations maritimes est donc prévue pour le 10 ou le 11 avril. Selon les responsables portuaires et la société d’exploitation Cosama, toutes les conditions sont désormais réunies pour relancer les trajets maritimes. Un navire a d’ailleurs effectué un voyage test de sûreté jusqu’à Ziguinchor dimanche 31 mars, une étape nécessaire après une si longue période d’arrêt.
Des travaux de correction ont été réalisés aux endroits à risque d’ensablement à l’embouchure du fleuve Casamance, selon les autorités locales.
La suspension de la navigation maritime avait été décidée en réaction aux manifestations qui ont éclaté au Sénégal lors de la condamnation de l’opposant et maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko, en juin 2023. Les autorités avaient invoqué des raisons de sécurité pour justifier cette mesure.
La reprise des rotations maritimes sera un soulagement pour la population et les acteurs économiques de la Casamance, qui attendent ce retour à la normale depuis plusieurs mois. De nombreux producteurs agricoles et pêcheurs écoulent habituellement leurs produits vers Dakar par voie maritime, et l’interruption de ce service a entraîné une hausse significative de leurs coûts, les obligeant à emprunter la route.
Cependant, certains comme Xavier Diatta, un opérateur économique de la région qui avait lancé une pétition à l’automne pour la reprise de la liaison, restent prudents. Il affirme qu’il ne croira à la reprise qu’une fois qu’elle aura effectivement lieu, craignant qu’il ne s’agisse que d’une annonce politique visant à séduire le nouveau président, Bassirou Diomaye Faye, et son allié, Ousmane Sonko.