La volonté du Mali, du Niger et du Burkina Faso de quitter le franc CFA, dans un mouvement vers une souveraineté monétaire accrue, suscite des discussions approfondies sur les conséquences économiques potentielles. Le franc CFA, ancré à l’euro et imprimé en France, est perçu comme un héritage de l’époque coloniale qui limite la souveraineté financière des nations africaines.
Les experts François Giovalucchi et Marc Raffinot mettent en lumière plusieurs implications de cette transition. Premièrement, ces pays devraient se retirer de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), ce qui remettrait en question leurs avantages actuels tels que la mobilité des travailleurs et des marchandises, ainsi que l’accès aux liquidités régionales.
La perte des liquidités fournies par la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) serait particulièrement préoccupante. Actuellement, les pays membres bénéficient de la solidarité financière au sein de l’union, permettant des emprunts à des taux favorables. L’isolement du marché régional de la dette pourrait forcer ces pays à se tourner vers des sources de financement plus coûteuses sur les marchés internationaux, une perspective peu attrayante dans le climat économique actuel.
Un autre risque soulevé est la « CFAïsation », où la création d’une monnaie moins stable pourrait ironiquement renforcer le franc CFA. Les acteurs économiques préféreraient conserver une monnaie stable comme le franc CFA pour sécuriser leurs épargnes et investissements, comme observé avec d’autres monnaies régionales.
Pour compenser ces défis, les États concernés pourraient tirer parti de leurs ressources naturelles, comme l’augmentation prévue de la production pétrolière au Niger et la taxation du secteur aurifère. Toutefois, les experts conseillent de procéder avec prudence pour éviter une pression excessive sur ces secteurs vitaux.