Le secteur du caoutchouc au Libéria, crucial pour l’économie du pays, fait face à des défis importants suite à un décret promulgué par l’ancien président George Weah le 12 décembre dernier, interdisant l’exportation de caoutchouc naturel non transformé. Cette mesure, selon le Consortium des acteurs du secteur du caoutchouc (CORSAL), a causé un préjudice significatif à de nombreux opérateurs économiques depuis son application.
Laffia Kaba, chef du Secrétariat de CORSAL, a exprimé ses inquiétudes dans une interview accordée à Front Page Africa Online, soulignant l’absence de consultation préalable avec les acteurs clés du secteur avant l’adoption de cette mesure. En conséquence, environ 94 conteneurs de caoutchouc sont actuellement bloqués dans le port franc de Monrovia, entraînant des coûts de stockage élevés et une augmentation quotidienne des dépenses.
Le décret a suscité une forte réaction parmi les producteurs, intermédiaires, exportateurs et commissionnaires de transport, qui se trouvent dans une situation financière précaire. M. Kaba a défendu le droit des Libériens à choisir librement leurs acheteurs, une liberté que le gouvernement ne devrait pas restreindre selon lui.
Le nouveau président Joseph Boakai n’a pas encore modifié cette politique, bien qu’il ait annoncé en avril la formation d’un comité d’enquête pour examiner cette question controversée. Pendant ce temps, les opinions sont partagées dans le pays. Certains industriels voient dans cette interdiction une opportunité d’améliorer l’approvisionnement des usines locales, qui fonctionnent sous leur capacité optimale.
Les données de WhatNext Rubber Media International indiquent que les usines libériennes ont besoin de près de 254 000 tonnes de fonds de tasse pour fonctionner efficacement, tandis que la production actuelle du pays ne couvre que 65 % de ce besoin, mettant en évidence un déficit significatif entre la demande et l’offre de caoutchouc techniquement spécifié, essentiel pour la fabrication de produits tels que les pneus et les sacs.
Ce contexte complexe met en lumière les tensions entre les besoins économiques immédiats des acteurs du secteur et les stratégies à long terme visant à valoriser la production nationale par la transformation locale.