Contexte et Développements Récents
Le 28 janvier 2024, les gouvernements de transition du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont annoncé leur retrait « immédiat » de la CEDEAO, invoquant que l’organisation était devenue une menace pour ses membres. Cette décision, officialisée le 30 janvier 2024, a engendré une période de notification d’un an conformément à l’article 91 du traité révisé de la CEDEAO, ce qui signifie que le retrait deviendra effectif le 28 janvier 2025 si les notifications ne sont pas retirées.
Les relations récentes entre ces trois pays et la CEDEAO ont été tendues, marquées par des sanctions et des menaces de sanctions suite à des coups d’État et des transitions politiques non respectées. En réponse, ces pays ont formé une nouvelle alliance, l’Alliance des États du Sahel (AES), visant à créer une union politique et économique plus étroite.
Contexte Macroéconomique
Le Burkina Faso, le Mali et le Niger sont des pays enclavés et à faible revenu, dépendant principalement de l’agriculture et des exportations de produits extractifs. Ils sont confrontés à des défis multiples, tels que l’instabilité politique, l’insécurité et le changement climatique, qui aggravent leur volatilité économique et entraînent des crises humanitaires. Les déficits budgétaires restent élevés, et l’accès à des financements extérieurs concessionnels a été réduit en raison de l’instabilité politique.
Implications Économiques du Retrait de la CEDEAO
Le retrait de la CEDEAO pourrait avoir plusieurs impacts économiques pour ces pays :
- Commerce Régional :
- Les exportations du Burkina Faso, du Mali et du Niger sont principalement destinées à des pays hors CEDEAO, notamment pour l’or. Moins de 6% des exportations vont vers la CEDEAO, principalement l’UEMOA.
- En revanche, environ 37% de leurs importations proviennent de la CEDEAO, incluant des biens essentiels comme les denrées alimentaires et l’électricité.
- Financement et Investissements :
- La sortie de la CEDEAO pourrait entraîner une augmentation des coûts de financement régional en raison d’une prime de risque plus élevée. Déjà, les rendements des obligations pour ces pays sont parmi les plus élevés de l’UEMOA.
- Les trois pays risquent de perdre l’accès à des financements importants pour des projets d’intégration régionale.
- Énergie :
- Ces pays dépendent largement des importations d’électricité en provenance de la CEDEAO. Les perturbations dans ces importations pourraient entraîner des coûts plus élevés et une réduction de l’offre d’électricité.
- Libre Circulation des Personnes :
- La libre circulation des personnes au sein de la CEDEAO pourrait être compromise, affectant les diasporas importantes du Burkina Faso, du Mali et du Niger vivant dans d’autres pays de la CEDEAO.
Scénarios et Perspectives
Le rapport évalue trois scénarios potentiels :
- Scénario 1 : Retrait ordonné de la CEDEAO sans impact sur l’UEMOA.
- Scénario 2 : Retrait rapide de la CEDEAO avec quelques impacts sur l’UEMOA.
- Scénario 3 : Retrait de la CEDEAO suivi d’une sortie de l’UEMOA, entraînant des perturbations significatives.
Dans tous les scénarios, les coûts commerciaux et les volumes d’échanges devraient être affectés, ainsi que les flux de personnes et les envois de fonds. Le scénario 3, en particulier, pourrait entraîner une instabilité macroéconomique accrue en raison de la sortie de l’union monétaire et de la monnaie commune, le franc CFA.
Conclusion
Le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la CEDEAO pose des défis économiques importants, notamment en termes de commerce, de financement et de stabilité macroéconomique. La mise en place de nouvelles alliances et l’orientation vers une économie plus intégrée au niveau régional seront cruciales pour atténuer les impacts négatifs et soutenir le développement économique de ces pays.