La publication des listes de débiteurs de l’Office National de l’Eau et de l’Assainissement (ONEA) et de la Société Nationale d’Électricité du Burkina Faso (SONABEL) a provoqué une onde de choc au sein de l’opinion publique nationale. Les deux sociétés d’État ont publié sur les réseaux sociaux les noms et autres références de leurs débiteurs, les sommant de régulariser leur situation sous dix jours.
Cette initiative a suscité surprise et indignation. Les listes concernent exclusivement les résidents du quartier huppé de Ouaga 2000. Cette spécificité soulève de nombreuses questions : les mauvais payeurs se trouvent-ils uniquement dans ce quartier ? Pourquoi les Nationales de l’eau et de l’électricité ont-elles soudainement choisi de publier ces informations, avec tous les risques que cela comporte ?
La publication a révélé des arriérés de factures impressionnants, certains accumulant des millions de francs CFA, alors que des ménages sont privés de courant ou d’eau pour des factures impayées de deux ou trois mois. Était-ce la meilleure manière de procéder ? Pourquoi ne pas avoir privilégié une campagne de communication avec préavis avant de divulguer ces informations ?
Face aux critiques, les deux sociétés ont rapidement retiré les publications pour actualiser leurs données, mais le mal était déjà fait. Des noms ont été jetés en pâture alors que certaines personnes n’avaient même pas reçu les factures en question. Dans d’autres cas, des factures de faible montant ont entraîné une humiliation publique.
Il est crucial de s’interroger sur les motivations derrière cette initiative. L’ONEA et la SONABEL ont-elles agi de leur propre chef ou sous ordre supérieur ? Certes, l’État a besoin de récupérer ses créances, mais cette méthode, humiliante pour certains innocents, est-elle justifiable ?
Cette affaire met en lumière un problème profond dans notre pays : le favoritisme, le népotisme et le laxisme. Il est inacceptable que certains puissent accumuler des dettes sans être inquiétés, tandis que d’autres, moins fortunés, subissent des sanctions immédiates. Ce traitement inéquitable révèle un dysfonctionnement grave dans notre société.
Il est temps de remettre en question ces pratiques et d’espérer que les « intouchables » de la République soient enfin tenus responsables de leurs actes.