Les nouvelles autorités sénégalaises, dirigées par le président récemment élu Bassirou Diomaye Faye, pourraient jouer un rôle crucial dans la résolution de la crise régionale entre les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). C’est ce qu’affirme l’Institut de recherche et de sécurité (ISS) dans une étude publiée le 12 juin.
Une Tournée Diplomatique Stratégique
Depuis son élection, Bassirou Diomaye Faye a entrepris une tournée dans une dizaine de pays ouest-africains, conclue récemment par des visites au Mali et au Burkina Faso. Son objectif déclaré est de ramener ces deux pays ainsi que le Niger – membres de l’AES – au sein de la Cédéao, qu’ils avaient quitté en janvier 2024.
Un Sentiment Favorable
Le président sénégalais bénéficie d’un « sentiment favorable » auprès des dirigeants de l’AES, grâce à ses relations non entachées par les crises récentes et à sa position en faveur de la « souveraineté » des États africains. Maurice Paulin Toupane, chercheur à l’ISS et co-auteur de l’étude, estime que Faye pourrait convaincre ces pays de revenir dans la Cédéao, à condition de présenter des propositions concrètes, notamment sur la durée des transitions en cours.
Compromis et Propositions Concrètes
Pour réussir, la Cédéao devra accepter une prolongation raisonnable des transitions et établir un chronogramme clair avec un accompagnement pour mener à des élections. Un tel compromis pourrait faciliter le rapprochement entre les deux entités.
Obstacles et Scepticisme
Malgré les espoirs de réconciliation, le scepticisme demeure. Les dirigeants de l’AES ont répété que leur décision de quitter la Cédéao est « irréversible ». Beaucoup d’observateurs doutent de leur retour, compte tenu de leur volonté apparente de se maintenir au pouvoir.
Maurice Paulin Toupane propose deux arguments pour un éventuel retour : éviter l’émergence de mouvements sociaux contestant la prolongation indéfinie du pouvoir des dirigeants de l’AES, et permettre à ces autorités de contribuer à la réforme de la Cédéao.
Perspectives et Prochaines Étapes
Le prochain sommet de la Cédéao sera crucial pour ces tentatives de réconciliation. En attendant, les chefs d’État de l’AES prévoient de se réunir pour finaliser leur projet de confédération, bien qu’aucune date n’ait encore été annoncée.
La diplomatie active de Bassirou Diomaye Faye pourrait ouvrir la voie à une réconciliation régionale, mais cela dépendra de la capacité de la Cédéao à proposer des compromis acceptables pour les membres de l’AES. L’avenir de cette initiative reste à surveiller lors des prochains sommets et réunions des entités concernées.