Brouille entre le Niger & le Bénin autour de l’oléoduc Agadem-Sèmè-Kpodji

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Le pipeline reliant les gisements de pétrole d’Agadem au Niger au terminal pétrolier de Sèmè-Kpodji au Bénin est actuellement au cœur d’une dispute entre les deux pays frontaliers.

Suspension de l’Acheminement du Pétrole

Le Niger a récemment suspendu l’acheminement de son brut via cet oléoduc. Cette décision, prise selon les instructions du chef de l’État nigérien, le général Abdourahamane Tiani, fait suite à des accusations de vol de pétrole. Le ministre du Pétrole, Mahaman Moustapha Barké, a exprimé des inquiétudes concernant le vol de la production pétrolière du Niger, bien que peu de détails aient été fournis sur ces allégations.

« On ne peut pas accepter d’être assis pendant que notre pétrole est en train d’être volé par d’autres personnes, » aurait déclaré Barké après une tournée d’inspection visant à s’assurer de la fermeture de toutes les vannes de brut destiné à l’exportation.

Arrestation de Travailleurs Nigériens

Cette tension s’est exacerbée suite à l’arrestation de cinq ressortissants nigériens au terminal pétrolier de Sèmè-Kpodji. Ces individus, accusés de s’être introduits frauduleusement sur le site avec de faux badges, sont identifiés par Niamey comme des travailleurs de Wapco-Niger (une filiale de la société chinoise opératrice du pipeline) venus contrôler les chargements. Cependant, les autorités béninoises soupçonnent certains d’entre eux d’être des agents infiltrés de la junte nigérienne, le CNSP.

Parmi les détenus, deux ont été relâchés, tandis que les trois autres font l’objet d’une procédure judiciaire. Le Niger a qualifié cette arrestation de « kidnapping » et a annoncé qu’il prendrait toutes les dispositions nécessaires pour obtenir la libération inconditionnelle de ses citoyens.

Conséquences Économiques

La suspension de l’acheminement du pétrole via le Bénin pourrait avoir de sérieuses répercussions pour le Niger, qui comptait sur l’exportation de son brut pour stimuler sa croissance économique en 2024. La Banque mondiale prévoyait que ces exportations porteraient le taux de croissance du Niger à 6,9% en 2024, contre 1,2% en 2023.

« Nous sommes prêts à assumer [les conséquences, Ndlr.], » aurait déclaré le ministre Barké, soulignant la détermination du gouvernement nigérien à défendre ses intérêts malgré les potentielles retombées économiques négatives.

Cette situation tendue entre les deux pays met en lumière les défis géopolitiques et économiques liés à l’exploitation des ressources naturelles en Afrique de l’Ouest, avec des implications potentielles pour la stabilité régionale et la coopération transfrontalière.

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