Frontière Niger | Nigéria : les commerçants & convoyeurs dans la tourmente

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La fermeture de la frontière s’étendant sur 1 500 kilomètres entre le Niger et le Nigeria, ainsi que les sanctions imposées par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ont généré des conséquences lourdes sur les communautés locales et ont paralysé les activités économiques dans les deux pays. Face à la hausse du coût de leurs marchandises, certains commerçants nigérians ont été contraints d’emprunter des itinéraires alternatifs et de franchir cette frontière extrêmement perméable.

Dans les rues peintes aux couleurs du drapeau nigérien, le parking de la compagnie de transport Azawad est désert.

Assis sur un banc, Moussa Houssaini exprime son découragement. Ce convoyeur reflète le sentiment général parmi les commerçants de Sokoto. Ceux qui traversaient la frontière cinq fois par semaine doivent désormais ruser.

Sur le marché de Ramen Kura, Umar Aliyu charge des sacs de piments à l’arrière d’une camionnette en partance pour Niamey : « Avec la fermeture de la frontière, circuler entre les deux pays est particulièrement compliqué. Nous sommes contraints de faire d’importants détours et d’utiliser les sentiers de contrebande à travers la forêt. Il y a un risque de tomber sur les douaniers, et dans ce cas, les pots-de-vin sont exorbitants ! De plus, cela endommage nos véhicules ! Par conséquent, même ici au Nigeria, les prix des produits ont augmenté d’au moins cinq fois par rapport à avant. C’est un vrai problème. » Yusuf Muhammad Ladan, journaliste et représentant de la société civile dans la région, confirme : « Depuis le début de la crise au Niger, et particulièrement depuis la fermeture de la frontière, les prix ont connu une augmentation considérable, surtout pour les denrées alimentaires. Auparavant, un plat de riz coûtait entre 1800 et 2000 nairas, aujourd’hui c’est au minimum 2200 nairas voire plus sur les marchés principaux. »

Certaines cargaisons de commerçants ont pourri à la frontière, tandis que d’autres peinent à être rémunérés par leurs partenaires nigériens. Pour Aliyu Zaki, des tensions croissantes avec les forces de sécurité sont observées : « Mon principal souci réside dans le harcèlement par les forces de sécurité nigériennes envers les véhicules portant des plaques d’immatriculation nigérianes. Lorsque ce sont des Nigériens qui transportent nos produits de l’autre côté de la frontière, ils pourraient avoir à payer 2000 ou 3000 francs CFA pour passer, mais si une voiture ou un camion arbore une plaque nigériane, le tarif peut facilement doubler !! » Traverser la frontière en dehors des itinéraires officiels peut vite devenir périlleux, dans une région touchée par l’insécurité.

Dans les communautés proches de la frontière, les activités commerciales sont désormais totalement à l’arrêt, explique également Yusuf Muhammad Ladan. « Une grande partie de la nourriture consommée ici en ville provient de ces régions rurales frontalières, où l’agriculture est prédominante. Il faut également considérer l’arrêt des importations, car le riz que nous produisons ici ne suffit pas à alimenter la population. Nous devons importer du riz du Niger et d’autres pays, et ce riz transite par la frontière avec le Niger, désormais fermée ! Nous faisons face à une véritable pénurie, qui engendre une augmentation des prix alimentaires. »

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