Burkina Faso : des mesures hardies en faveur de la souveraineté alimentaire

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Lors de sa réunion du 30 août 2023, le conseil des ministres a été informé de la mise en place d’un ambitieux plan de production agro-sylvo-pastorale baptisé « Offensive agropastorale 2023-2025 ». Ce plan triennal vise à atteindre l’autosuffisance alimentaire en favorisant une production accrue dans huit filières agricoles, piscicoles et pastorales, notamment le maïs, le riz, la pomme de terre, le blé, le poisson, la filière bétail et viande, ainsi que la volaille.

Le ministre de l’Agriculture, des ressources animales et halieutiques, Ismaël Sombié, a souligné que ce plan devrait également contribuer à la création de 100 000 emplois dans le secteur rural. La mise en œuvre de ce plan nécessitera un budget de 592 milliards de F CFA, dont 46 % sont déjà financés par des fonds publics, tandis que le reste, soit 317 milliards de FCFA, sera financé par le secteur privé grâce à un partenariat public-privé (PPP).

Cette initiative d’envergure mérite d’être saluée, car elle reflète la volonté de répondre concrètement aux aspirations souverainistes qui sont au cœur des discours des activistes et de la société civile. En effet, la souveraineté nationale passe incontestablement par la capacité à subvenir à ses besoins essentiels, en commençant par l’alimentation.

Les grandes puissances mondiales, telles que les États-Unis, ont également compris l’importance de l’autosuffisance alimentaire, ayant elles-mêmes atteint ce stade avant de faire de l’exportation de leurs excédents alimentaires une arme économique.

Cette initiative est d’autant plus louable qu’elle intervient dans un contexte national marqué par une crise sécuritaire qui a entravé les activités agricoles traditionnelles, entraînant une grave crise alimentaire, aggravée par la crise en Ukraine. De plus, la création d’emplois en milieu rural contribuera à détourner les jeunes des tentations de l’enrôlement dans des groupes armés terroristes et de l’exode rural, deux phénomènes préjudiciables à la fois aux régions rurales et aux centres urbains.

Enfin, cette initiative donnera un nouvel élan à l’économie nationale en concrétisant le slogan cher aux Burkinabè : « Produisons et consommons burkinabè ». Toutefois, pour que l’Offensive agropastorale 2023-2025 ait un impact structurel sur l’économie nationale, il faudra aller au-delà de la simple production et investir dans des infrastructures de transformation des produits locaux. Cela permettra de créer une petite industrie locale capable de conquérir des marchés internationaux et de générer des devises pour le pays.

Cependant, il est essentiel de reconnaître les défis qui se posent, notamment la grave crise foncière qui menace les zones rurales. La mise en œuvre du plan nécessitera une mobilisation importante de terres agricoles et pastorales, et les risques liés à l’accaparement des terres et à la pression démographique ne doivent pas être sous-estimés. Il est donc nécessaire de prendre des mesures appropriées pour prévenir d’éventuelles dérives qui pourraient compromettre cette vision prometteuse.

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