Après avoir surpassé le Brésil en 2020, la Côte d’Ivoire est en train de s’imposer comme un acteur majeur sur le marché mondial des exportations de noix de cajou, surclassant même l’Inde au cours des trois derniers mois. En effet, elle est désormais devenue le deuxième plus grand fournisseur mondial de noix de cajou décortiquées.
Au seul mois d’août, la Côte d’Ivoire a écoulé plus de 5 000 tonnes de noix de cajou transformées, soit autant que ce qu’elle avait exporté sur une année entière en 2015, selon les données du bulletin d’informations agricoles N’Kalo.
Le pays continue à approvisionner régulièrement le marché mondial grâce à ses trente unités de transformation, et leur nombre devrait encore augmenter grâce à l’inauguration récente d’une nouvelle zone agro-industrielle dédiée à l’anacarde à Korhogo, dans le nord du pays.
La noix de cajou brute est aujourd’hui soumise à une taxe avant de quitter la Côte d’Ivoire, tandis que la noix transformée bénéficie de subventions, ce qui stimule la transformation locale.
Grâce à cette politique incitative, le pays a réussi à transformer 22 % de sa production en 2022, selon les données gouvernementales. Depuis juin dernier, la Côte d’Ivoire se positionne au deuxième rang des exportateurs, devant l’Inde, qui, depuis un an et demi, n’a plus réussi à franchir la barre des 5 000 tonnes mensuelles exportées.
Selon Pierre Ricau, chef analyste pour le service d’informations agricoles N’Kalo, la Côte d’Ivoire devrait maintenir sa position, car l’Inde se concentre davantage sur son marché intérieur, plus rentable.
Cependant, la Côte d’Ivoire reste encore loin derrière le Vietnam, le leader mondial en matière de transformation de noix de cajou, ne représentant actuellement que 11 % de sa capacité de transformation. Pour Pierre Ricau, l’objectif n’est pas de rattraper le Vietnam, mais plutôt de continuer à augmenter la capacité de transformation en Côte d’Ivoire afin de créer des emplois.
Malgré les performances de la Côte d’Ivoire, le marché des noix de cajou connaît actuellement une demande en hausse, comme en témoignent les exportations vietnamiennes qui devraient atteindre des niveaux records cette année, selon N’Kalo.
Cependant, la récolte ouest-africaine de 2023, attendue en augmentation de 400 à 500 000 tonnes par rapport à celle de 2022 (qui s’élevait à 2,4 millions de tonnes de noix brutes), ne devrait pas nécessairement entraîner une hausse des prix à court terme. Néanmoins, selon l’expert de N’Kalo, les prix ont atteint leur point le plus bas cette année et devraient finir par remonter.