Le récent rapport du Fonds monétaire international (FMI) concernant le gouvernement sénégalais a suscité des réactions mitigées, remettant en question la santé économique du pays malgré les éloges du FMI. Les économistes estiment que l’octroi de 166 milliards de FCFA de prêts ne cadre pas avec une situation économique supposément favorable.
Pour Meïssa Babou, enseignant à la Faculté des sciences économiques et de gestion (FASEG – UCAD), le FMI ne propose qu’une vision de développement qui maintient le pays dans un cycle d’endettement. Il critique les agrégats financiers manipulés en collaboration avec les gouvernements, affirmant que l’équilibre financier recherché à travers des paramètres tels que le taux de croissance ou le déficit budgétaire ne reflète pas la réalité vécue par les Sénégalais. Il souligne que le niveau d’endettement, considéré comme soutenable, a conduit à l’abandon des subventions sur l’énergie, affectant négativement la population. Selon lui, les nouveaux prêts contractés ont principalement servi à redresser des entreprises en difficulté, sans bénéficier à la population.
De plus, il estime que la croissance économique à deux chiffres ne profite pas aux citoyens et ne crée pas d’emplois significatifs, en dépit de taxes relativement faibles et d’exonérations fiscales. Les investissements dans des projets de construction ne font qu’accroître la dette du pays à des taux d’intérêt élevés. En fin de compte, il plaide pour une approche de développement plus équilibrée et pour une meilleure utilisation des fonds.
Abou Kane, professeur titulaire et agrégé en économie à la FASEG-UCAD, considère que le FMI agit comme un médecin qui prescrit des ordonnances à ses patients, tout en assumant les coûts de ces prescriptions. Il note que bien que le FMI parle de « bonnes notes » pour le Sénégal, le pays est en réalité un patient à qui on prescrit une ordonnance qu’il ne peut pas se permettre et qu’il doit financer en urgence. Il souligne les préoccupations liées à la croissance économique inférieure aux attentes, à l’inflation, au déficit du compte courant et au déficit budgétaire, ainsi qu’à l’augmentation de la dette nationale.
Malgré ces indicateurs mitigés, la presse a qualifié la situation de « bonne ». Abou Kane critique cette vision optimiste et appelle à un examen plus réaliste de la situation économique du pays.