Une coalition d’une quarantaine d’organisations de la société civile, incluant Amnesty International, exprime son opposition à la cession des activités terrestres de Shell tant que la multinationale n’aura pas remédié à la pollution qu’elle a laissée derrière elle. En janvier, la société néerlando-britannique a annoncé avoir conclu un accord pour la vente de ses actifs dans le Delta du Niger, pour un montant pouvant atteindre 2,4 milliards de dollars. Une lettre ouverte exhortant les autorités nigérianes à suspendre cette vente a été rendue publique ce lundi.
Les ONG signataires de cette lettre appellent le gouvernement nigérian à « refuser d’approuver légalement la cession » des actifs terrestres de Shell, qui a conclu un accord en janvier avec le consortium Renaissance Africa Energy, regroupant quatre sociétés nigérianes et la compagnie Pétrolin.
Amnesty International souligne des lacunes « réglementaires et juridiques », notamment l’absence d’étude environnementale et d’inventaire des actifs physiques cédés, « ce qui suscite des inquiétudes quant à l’état potentiellement dégradé des pipelines et des infrastructures responsables de nombreuses fuites », selon l’organisation.
Il existe un « risque » que Shell « perçoive ses millions de dollars (…) et laisse les victimes de la pollution sans recours, exposées à des risques pour leur santé », alerte l’ONG.
« La cession ne devrait être autorisée qu’après une consultation complète des communautés, une évaluation exhaustive de la pollution environnementale (…) et l’engagement de fonds suffisants par Shell pour couvrir les coûts de nettoyage », stipule la lettre ouverte diffusée ce lundi.
Shell a déjà été condamnée à verser 15 millions d’euros d’indemnisation à des agriculteurs nigérians pour des déversements de pétrole ayant gravement pollué trois villages, et des milliers de pêcheurs réclament toujours des compensations à la multinationale.