Au cours de la dernière décennie, le riz a gagné en importance dans les ménages burkinabè, devenant progressivement un élément essentiel de leur alimentation quotidienne. Ce changement de contexte met en évidence la nécessité pour l’appareil productif de s’adapter à cette situation, notamment en raison de l’urbanisation croissante et de la démographie en expansion.
Bien que le riz soit la quatrième céréale la plus produite au Burkina Faso, derrière le sorgho, le mil et le maïs, il est devenu la denrée de base dont l’utilisation a connu la croissance la plus importante ces dernières années. Selon les données du Département américain de l’agriculture (USDA), la consommation de riz a augmenté d’environ 300 000 tonnes entre 2015 et 2022.
Dans les principaux centres urbains tels que Bobo-Dioulasso et Ouagadougou, le riz est de plus en plus privilégié par rapport aux céréales traditionnelles.
Au niveau national, la consommation annuelle de riz atteint près de 1 million de tonnes, soit plus de 60 kg par habitant selon l’USDA. Ce niveau reste inférieur à celui de pays comme la Côte d’Ivoire ou la Gambie, mais dépasse celui du Ghana.
En raison de la dynamique de la demande et de la faiblesse de l’offre locale, le riz est devenu la principale céréale importée au Burkina Faso. Les importations ont presque doublé entre 2015/2016 et 2022/2023, passant de 350 000 à 600 000 tonnes. Cela positionne le pays en tant que sixième importateur régional derrière le Nigéria, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, la Guinée et le Ghana.
Cette dépendance à l’importation a un coût financier élevé, les achats de riz représentant le troisième produit de grande consommation le plus importé, après les hydrocarbures et les médicaments essentiels, selon la Direction générale du commerce.
Pour répondre à une demande nationale attendue d’atteindre 1,5 million de tonnes d’ici 2025, la filière rizicole dispose d’une marge de progression importante. Actuellement, la production de riz paddy avoisine les 520 000 tonnes sur seulement 230 000 hectares cultivés. Cependant, le pays dispose d’un potentiel de plus de 500 000 hectares de bas-fonds et plus de 233 500 hectares de terres irrigables qui pourraient être exploités pour combler le déficit.
Les acteurs privés du secteur ont donc une véritable opportunité d’accroître la performance de la filière en investissant dans l’aménagement des terres pour améliorer les rendements, en riziculture irriguée et en bas-fonds, notamment dans les régions clés pour la production de riz (Hauts-Bassins, Cascades, Boucle du Mouhoun).
En utilisant correctement ces terres, la productivité moyenne pourrait augmenter jusqu’à 9 tonnes par hectare pour les systèmes de culture irriguée et jusqu’à 4 tonnes par hectare pour les bas-fonds, selon la FAO. Cela permettrait de renforcer l’autosuffisance du Burkina Faso en matière de riz et de réduire la dépendance vis-à-vis des importations coûteuses.