Après le coup d’État de la fin juillet au Niger, les putschistes accusent la France de vouloir intervenir militairement, ce qui suscite une attention particulière de la part de Paris en raison de ses intérêts économiques dans la région. En effet, l’uranium nigérien est crucial pour l’industrie nucléaire française.
Le Niger est depuis plus de 50 ans un partenaire historique de la France en matière d’uranium. Lorsque la France a opté pour l’énergie nucléaire, elle a eu besoin de combustible adapté, c’est-à-dire de l’uranium, un minerai essentiel pour faire fonctionner ses centrales. Les mines françaises ayant fermé, la France s’est tournée vers le Niger. Dans les années 1970, deux compagnies nationales se sont installées au Niger pour exploiter l’uranium, l’une à ciel ouvert et l’autre souterraine, dans la région du désert d’Arlit, près de l’Algérie. En 2008, 43 % de l’uranium produit par Areva (l’ancêtre d’Orano) provenait du Niger.
Cependant, au fil des années, la production d’uranium au Niger par Orano a diminué, passant de 43 % en 2008 à 30 % en 2021 (soit 2 000 tonnes par an). Une des mines nigériennes exploitée par Orano a fermé en 2021 car ses réserves étaient épuisées, tandis que l’autre restera exploitée jusqu’en 2040. La mise en exploitation d’une troisième mine a été repoussée en raison de la baisse du cours de l’uranium sur les marchés après la catastrophe de Fukushima. Pour l’instant, il n’est pas suffisamment rentable pour l’entreprise de la mettre en route en respectant les impératifs écologiques. Orano extrait donc de l’uranium principalement au Kazakhstan, le principal fournisseur mondial, et au Canada depuis 1999.
La situation politique au Niger est suivie de près non seulement par la France mais aussi par l’Union européenne. En effet, 24 % de l’uranium utilisé en Europe provient du Niger, selon les chiffres d’Euratom datant de 2021. Des pays comme la Russie et le Kazakhstan fournissent respectivement à peu près 20 % de l’uranium européen.
Dans ce contexte, les tensions politiques et sécuritaires au Niger inquiètent la France, qui surveille de près l’évolution de la situation, notamment en raison de ses intérêts économiques dans le secteur de l’uranium.