Au Togo, le recyclage des déchets connaît un essor, porté par des entrepreneurs locaux engagés dans la préservation de l’environnement, à l’image d’Eugénie d’Almeida, la fondatrice de CATIFAT. Sa spécialité réside dans la transformation des déchets domestiques en objets du quotidien personnalisés aux motifs africains.
Eugénie d’Almeida, sociologue de formation, a créé son entreprise en 2018 pour faire face à la croissante problématique des déchets dans son environnement. Son processus de recyclage commence par la collecte de matières premières, notamment des déchets solides domestiques tels que des canettes, des boîtes de conserve, des cartons et des rouleaux de papier hygiénique, provenant de foyers ou achetés auprès d’organisations spécialisées dans la collecte des déchets.
Une fois collectés, ces matériaux sont soigneusement nettoyés, désinfectés et subissent un processus de transformation manuelle pour les façonner en une variété de produits, en fonction de leur forme, de leur état et de leur durabilité. Ainsi naissent des accessoires de mode (chaussures, sacs, etc.), des articles en papier (blocs-notes, agendas, etc.) et des objets de décoration intérieure (luminaires, cadres, etc.).
Eugénie a choisi de se spécialiser dans le recyclage d’objets tels que des canettes, des calendriers, des rouleaux de papier hygiénique et des boîtes de conserve de tomates et de sardines, car de nombreuses autres structures se consacrent déjà au recyclage des déchets plus classiques.
Une fois les produits transformés, ils passent par l’étape de la décoration, où Eugénie, qui a suivi une formation sur la fabrication d’accessoires en pagnes, ajoute des motifs africains. Son objectif est de leur donner une nouvelle vie et une utilité renouvelée.
Bien que les débuts aient été difficiles, l’entreprise CATIFAT connaît un succès croissant, attirant une clientèle diversifiée, notamment des entreprises, des particuliers et même des enfants. Pour accroître sa visibilité, CATIFAT a lancé ses produits sur les réseaux sociaux et lors de foires et événements. Eugénie d’Almeida raconte que leur dernière exposition a eu lieu lors du Salon international de l’agriculture et des ressources animales d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, où leurs produits ont suscité un vif intérêt.
En plus de son engagement environnemental, CATIFAT s’implique socialement. Depuis plusieurs années, Eugénie met en place un programme d’accompagnement appelé « Sitsope » pour aider les jeunes filles, mères, orphelines ou en situation de vulnérabilité à s’insérer professionnellement. Elle consacre 50 % des revenus de l’entreprise à ce programme, qui vise à servir de refuge pour ces jeunes femmes.
Cette initiative est soutenue par le ministère togolais de la Culture et offre aux jeunes filles la possibilité de se former à divers métiers, notamment l’audiovisuel, le cinéma, les arts plastiques et la scène, en plus du recyclage et de la pâtisserie.
Eugénie d’Almeida ambitionne de créer une marque forte autour de ses produits et de les distribuer dans toute l’Afrique, voire au-delà du continent. Cette expansion permettrait d’élargir le programme social de l’entreprise et de soutenir davantage de jeunes femmes et de mères en difficulté dans différentes régions.