Le Niger a de nouveau manqué le paiement d’une échéance sur le marché régional de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), s’élevant à plus de 478 millions d’euros depuis le coup d’État en juillet 2023. Cette situation restreint considérablement la marge de manœuvre des autorités nigériennes.
Le pays doit désormais faire face à des ressources limitées, des recettes en baisse, et des comptes gelés, engendrant un déséquilibre entre recettes et dépenses. Benoît Chervalier, enseignant spécialisé dans le financement des économies africaines à Sciences Pô Paris, estime que la seule solution actuellement disponible pour les autorités est de retarder le remboursement ou le respect des obligations envers les créanciers.
Depuis le début de l’année, le Niger n’a pas honoré huit échéances sur les marchés régionaux, en raison des sanctions imposées par la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’UEMOA. Ces défauts de paiement auront des conséquences à moyen et long terme, avec une nouvelle dégradation de la note du Niger par Moody’s, suscitant des inquiétudes sur la solvabilité du secteur bancaire.
Les sanctions impactent directement l’économie nigérienne en gelant certains comptes, suspendant les aides des bailleurs internationaux, et entravant les levées de fonds. Cela se traduit par un budget 2024 contraignant. Les conséquences indirectes incluent un ralentissement des commerces transfrontaliers et des pressions sur le secteur privé, entraînant des fermetures d’entreprises. La suspension de la coopération électrique du Nigeria aggrave la situation en affectant l’approvisionnement en électricité.
Pour faire face à ces pressions financières, le Niger met en œuvre des ajustements, comme un nouveau système de prélèvement de taxes en liquide. Toutefois, malgré ces défis, l’économie nigérienne a montré une résilience remarquable, grâce à la continuité des activités dans les secteurs minier et agricole. Les autorités cherchent également des solutions financières, notamment avec les revenus futurs du pétrole. Cependant, ces mesures ne suffiront pas à résoudre tous les problèmes, nécessitant éventuellement un prêt syndiqué avec une garantie de crédit multilatérale, selon l’analyste financier Mark Bohlund.
La durabilité de cette politique est remise en question, avec des experts soulignant que des solutions politiques seront inévitables pour surmonter ces défis à long terme.